Esquisse pour le monument à Jeanne d'Arc
Esquisse pour le monument à Jeanne d'Arc
Cette cire de Paul Dubois est un travail préparatoire pour son Monument à Jeanne d’Arc, dont le plâtre a été exposé au Salon de 1889 et le premier exemplaire en bronze érigé devant la cathédrale de Reims en 1896. Elle est désormais exposée aux côtés de l’emblématique plâtre modèle offert par l’artiste pour la création du musée de Nogent-sur-Seine. Comme dans les nombreuses esquisses en cire de Dubois, le travail de modelage y est très lisible, les traces d’outils et empreintes digitales conservées. Cette étude est remarquable par la recherche de mouvement dont elle témoigne : allure du cheval, torse de Jeanne penché vers l’avant tandis qu’elle arme son bras droit vers l’arrière. Dans l’œuvre achevée, après de très nombreuses esquisses dessinées et modelées, le sculpteur a finalement figuré Jeanne redressée, brandissant son épée vers le ciel.
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Découverte des collections
Visite commentée

Cette visite découverte propose une première approche du musée et de ses collections. Pourquoi un musée Camille Claudel à Nogent-sur-Seine ? Que signifie la prolifération de sculptures dans l’espace public ? Quelles sont les nouvelles formes de représentation du mouvement qui symbolisent si bien le XIXe siècle ? Replacée dans le contexte de la création sculptée de son époque, la figure de Camille Claudel se distingue nettement.
Vue des salles, musée Camille Claudel, Nogent-sur-Seine © Marco Illuminati
Informations pratiques
Lieu : Horaires & Tarifs :Durée : 1h
Tarif : 3€ en plus du billet d'entrée du musée
Réservation conseillée :
03 25 24 76 34
reservation@museecamilleclaudel.fr
Char de Diane et Char de Minerve
Char de Diane et Char de Minerve
Ces deux chars font partie du grand surtout de table élaboré par Emmanuel Fremiet et la Manufacture de Sèvres pour le palais de l’Elysée et exposé à l’Exposition universelle en 1900. Cet ensemble de sept groupes mythologiques dont certains mesurent près d’un mètre de haut était destiné à décorer le milieu de la table lors des dîners officiels les plus prestigieux.
Minerve est bien reconnaissable grâce à ses attributs : le serpent lové à l’arrière du char, la chouette ornant son bouclier, la branche d’olivier qu’elle tient à la main, le casque à cimier et l’égide qu’elle porte sur les épaules ; la lance est manquante sur cet exemplaire. La représentation de Diane est plus déroutante : l’arc, les flèches et le diadème orné d’un croissant de lune sont bien ses attributs habituels, le chien et l’ours font référence à ses activités de chasseresse. En revanche, les rennes qui tirent le char, la peau d’ours qu’elle porte sur le dos, la branche de pin qu’elle tient à la main ainsi que la neige marquée par les empreintes de roues et de pattes font référence à un monde nordique étranger à Diane. Dans ses comptes-rendus de l’exposition en 1900, la presse évoque une « Diane finlandaise », suggérant un syncrétisme des mythologies gréco-romaine et nordique sans donner plus de précisions.
Ces objets de prestige aux formes complexes ont aussi donné à la Manufacture de Sèvres l’opportunité de démontrer l’étendue de son savoir-faire. Chaque groupe est ainsi constitué d’un grand nombre de pièces moulées séparément et assemblées ensuite. La presse s’est aussi faite l’écho des différentes tentatives nécessaires pour cuire le premier exemplaire du Char de Minerve en raison de la finesse des pattes des rennes, montrant la prouesse technique réussie par la Manufacture.
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Monument au docteur Ollier
Monument au docteur Ollier
Ce plâtre est le modèle des deux monuments en bronze érigés à Lyon en 1904 et aux Vans en 1905, en hommage au docteur Léopold Ollier (1830-1900). Né aux Vans, nommé chirurgien major à l’Hôtel-Dieu de Lyon en 1860 et professeur à la faculté de médecine de cette ville en 1877, celui-ci est considéré comme le fondateur de la chirurgie orthopédique moderne, à l’origine d’avancées décisives dans la chirurgie réparatrice qui utilise les propriétés de régénération des os pour éviter l’amputation. Il a notamment mis en œuvre ces principes novateurs au cours de la guerre de 1870, où il a déployé une intense activité avant d’être fait prisonnier par les Prussiens. Il est représenté un bistouri à la main, vêtu de sa robe académique et portant les insignes de commandeur de la Légion d’honneur. Le monument de Lyon a été érigé grâce à une souscription internationale et son ampleur témoigne de la renommée dont jouissait alors le médecin, d’autant que le reliquat de la souscription a financé une partie de la statue des Vans. Gabriel Bonvalot, gendre d’Ollier et proche de Boucher, a peut-être été à l’origine de l’attribution de la commande au sculpteur. Le docteur possédait d’ailleurs au moins une sculpture de l’artiste dans sa collection personnelle, un marbre du Nu devant un paysage marin, conservé lui aussi au musée Camille Claudel. Alors que les Vansois sont parvenus à sauver le leur, le monument lyonnais a été refondu pendant la Seconde guerre mondiale, dans le cadre de la mobilisation des métaux non ferreux par le gouvernement de Vichy
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Ressources pédagogiques
Le Musée caché 2023
Expo photo en plein air

Depuis septembre 2022, trois classes des écoles primaires de Nogent-sur-Seine participent à un ambitieux projet artistique avec l’Association Nature du Nogentais et le photographe Philippe Brame.
La nature est le thème commun aux œuvres et objets archéologiques « cachés » dans les réserves sélectionnés par les élèves. Lors de séances au musée et en plein air, ils ont pu observer, comprendre, écrire et photographier la nature, réelle ou représentée.
De ce projet est née une exposition de photographies, mêlant les clichés des élèves et les œuvres du musée : à visiter tout l’été !
La sculpture dans la sphère privée
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la bourgeoisie s’est passionnée pour la sculpture décorative. Des catalogues proposaient des modèles variés et même des décors de pièces complets, inspirés des hôtels particuliers de la très haute société. Le goût était alors à la profusion ornementale : cheminées et buffets y étaient couverts de sujets sculptés.
L’invention de la machine Collas qui permet de réduire ou agrandir les modèles, le développement de la fonte au sable qui offre un gain de temps et d’argent et l’apparition de contrats entre artistes et maisons d’édition ont fait entrer la sculpture dans l’ère industrielle. Désormais reproduites en série, les sculptures pouvaient être commandées en différentes tailles et matières (bronze, biscuit de porcelaine, plâtre, carton-pierre…) et étaient accessibles à toutes les bourses. Les sculptures d’édition sont soit des réductions d’œuvres à succès, soit des modèles conçus spécialement pour l’édition.
Représentations du travail
Le thème du travail a passionné le XIXe siècle. Il a d’abord été développé avec beaucoup de succès en peinture au point que les « paysanneries » sont devenues un genre artistique.
Des sculpteurs ont participé à ce mouvement et ont offert une vision pittoresque et idyllique de la campagne dans la sculpture de Salon et d’édition. La valorisation du travailleur agricole a été encouragée par l’État, en particulier sous la IIIe République qui souhaitait améliorer les conditions de santé et d’hygiène dans les campagnes. Ainsi, les paysans représentés sont des hommes sains et robustes.
Dans le dernier quart du XIXe siècle, la représentation du travail s’est intensifiée en sculpture et s’est élargie à une plus grande diversité de métiers, symbolisés par leurs outils : forgerons, terrassiers, ouvriers, mineurs ont rejoint les paysans. Malgré un vocabulaire réaliste, certains sculpteurs n’hésitaient pas à employer le nu, en référence à l’Antiquité, pour sublimer le corps des travailleurs.
Allégories, mythologies
Dans l’enseignement artistique, l’étude de la mythologie grecque et latine était incontournable et les sculpteurs en restaient empreints tout au long de leur carrière. L’omniprésence de la mythologie n’empêchait pas les artistes de faire preuve d’imagination et de liberté dans le traitement de leurs sujets. On observe ainsi dans cette salle plusieurs sensibilités. Pour le marbre d’Hébé, Jules Franceschi a puisé son inspiration dans l’art néoclassique tandis qu’Emmanuel Hannaux se situe dans le courant néo-baroque, traitant avec fougue le mythe d’Orphée dans Le Poète et la Sirène. À la fin du XIXe siècle, les symbolistes se sont eux aussi emparés du mythe d’Orphée, comme Emile Laporte avec Le Rêve.
D’autres artistes, enfin, ont intégré la mythologie dans leur art de manière très personnelle et originale. Auguste Rodin et Gustave Doré ont ainsi représenté une face bestiale, animale et érotique de la mythologie, rarement abordée dans les œuvres plus officielles
Camille Claudel
Après être tombée dans l’oubli, Camille Claudel est aujourd’hui reconnue pour avoir été un des grands artistes de son temps.
Née dans l’Aisne en 1864, au sein d’une famille de la petite bourgeoisie, elle commence très jeune et en autodidacte à modeler la terre. C’est à Nogent-sur-Seine qu’elle est repérée par le sculpteur Alfred Boucher, qui devient son premier professeur. Parti pour l’Italie, ce dernier la confie à un ami, Auguste Rodin. Rapidement, la jeune fille entre dans l’atelier du maître puis, pendant une dizaine d’années, les deux sculpteurs partagent leur vie et leur atelier, échangeant idées, modèles et influences. Camille Claudel affirme alors sa singularité stylistique, multiplie les œuvres virtuoses et voit grandir sa renommée.
Après leur séparation, blessée par la comparaison continuelle de son travail avec les œuvres de Rodin, elle manifeste son indépendance d’artiste en renouvelant totalement son inspiration. En pleine maîtrise de son art, Camille Claudel voit cependant sa créativité tarie par des délires de persécution. Elle se barricade, détruit ses œuvres et finit par être internée à la demande de sa famille, et ce jusqu’à la fin de sa vie en 1943.